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      /  Chroniques du Temps   /  6 – Un temps pour tout

    Montres Mania

    Illustration Prune Cirelli

    6 – Un temps pour tout

    Textes : Laurent Cirelli
    Illustrations : Prune Cirelli

    Enfin… tout le monde a une Rolex ! Si à cinquante ans on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie.

    Jacques SEGUELA

    Mon fils n’a pas huit ans et il possède déjà deux montres qu’il a choisies lui-même et dont chacune est destinée à un moment de sa journée. Ainsi, le week-end, c’est une ICE WATCH qu’il portera au poignet et s’il a une « soirée » il lui préférera la CASIO de ville… 

    Vous souvenez-vous de votre première montre ? Vous rappelez-vous vos premières émotions à la vue de cet objet qu’on vous offrit pour une première communion ou un examen réussi ? Est-ce là que tout a commencé ou bien est-ce venu plus tard… ce désir irraisonné? Car aujourd’hui vous êtes peut-être de ceux-ci dont le cœur bat à la seule idée d’être bientôt l’heureux propriétaire d’un garde-temps convoité depuis des années ou bien de ceux-là dont les moyens leur permettent de posséder autant de mécaniques (montres, automobiles…) qu’ils ont d’envies ou encore de ces autres qui ont connu des revers de fortune et ont dû se séparer, la mort dans l’âme, d’une ou plusieurs montres chacune pourtant attachée à un jour ou à une saison de leur vie. 

    Mais il y a eu, forcément, un début et une première fois, le regard neuf posé sur un cadran et des aiguilles… « parce que c’était elle, parce que c’était vous » ! Etait-ce l’Omega que votre père mettait le matin à son poignet après avoir passé sa main dans vos cheveux pour les coiffer? Ou bien le chronographe porté par cet oncle d’Amérique qui  vous étonnait toujours quand il débarquait à la maison chargé de cadeaux introuvables ici ? Ou bien encore la vitrine achalandée de cet horloger-bijoutier devant laquelle vous passiez et repassiez car elle était placée sur le chemin de l’école et qui présentait une montre-bracelet dont vous auriez juré que James Bond possédait la même?   

    Puis l’adolescence passa par là et l’on s’intéressa plus à quelques-unes (ou quelques-uns…) cherchant là une raison d’exister qui ne soit pas seulement matérielle; les objets devenaient alors accessoires… Mais ils prendraient bientôt leur revanche.

    Car il apparût un jour que votre poignet (et donc votre personne) était beaucoup plus beau (et donc plus attirant) habillé d’acier ou de caoutchouc, le cadran commençait à parler pour vous puisqu’il suffisait de porter telle ou telle montre pour paraître tour à tour élégant, sportif voire aventurier (conquérant quoi…)! Certains ne s’attardèrent pas sur ces heures futiles et leur préférèrent bientôt des études, un métier ou un mariage.

    D’autres y virent moins de la frivolité qu’une façon d’affirmer leur goût et leur personnalité, chaque montre offerte ou acquise comme étroitement associée à une époque ou à une période : la première Rolex (offerte ou prêtée) pour la frime, plus tard une Jaeger ou une Patek pour l’âge de raison et une Audemars Piguet pour la crise de la cinquantaine…

    Puis, un jour, on finit par se ressembler et trouver montre à son poignet. Un temps pour tout.

    Quant à moi, je me souviens avoir travaillé l’été de mes 17 ans pour m’offrir la montre de mes rêves… c’était une Rolex « Oyster Perpetual Datejust » acier bracelet « jubilé » taille moyenne… Je me souviens parfaitement de l’écrin en cuir vert capitonné, du certificat papier poinçonné et du cachet d’authenticité en plastique rouge attaché par un cordon vert et jaune.  Et je me souviens très bien de l’émotion que j’ai ressentie en sortant de la boutique : j’avais réalisé un rêve !

    Aujourd’hui, ayant fait le tour de la question, c’est une Omega « constellation » qui suffit à me combler… mais, approchant de la cinquantaine (crise de… ?), je me surprends à convoiter une de mes anciennes amours : une Rolex « Submariner référence 5513 verre plexi »… On ne se refait pas !

    Bien sûr, cela n’a aucun rapport avec l’affirmation péremptoire d’un vieux publicitaire en mal de notoriété !